Clavecin

Ewald Demeyere

Le métier de claveciniste est complexe et exigeant. Le répertoire du clavecin est en effet vaste : littérature solo, musique de chambre instrumentale et vocale, musique orchestrale, musique religieuse et opéra. Pour préparer au mieux l’étudiant(e) à la vie professionnelle, il est indispensable que ces différents genres soient abordés en détail et intégrés dans sa formation.

Objectifs particuliers :

Un premier objectif fondamental de ce cours est l’acquisition des compétences relatives au répertoire solo de l’instrument. Outre les techniques spécifiques au clavecin, qui varient en fonction du pays et de l’époque concernés, l’étudiant(e) abordera la littérature de l’instrument et les aspects stylistiques qui s’y rapportent, tant au clavier qu’à travers un cours spécifique dédié à l’étude du répertoire. Mais cet objectif ne peut être réalisé complètement que lorsque les œuvres abordées sont en adéquation avec l’instrument joué. En outre, l’étudiant sera amené à se familiariser avec des instruments originaux (MIM à Bruxelles, musée du Vleeshuis à Anvers, etc.).

Le rôle polyvalent attribué au clavecin implique que le professeur accompagne l’étudiant non seulement dans son étude de la littérature solo mais aussi à travers les autres genres qui font appel à l’instrument. Ainsi, la musique de chambre instrumentale et vocale, à laquelle la plupart des clavecinistes dédieront leur carrière, se verra accorder une place d’importance au sein des cours hebdomadaires, cours qui profiteront d’ailleurs également aux autres étudiants. Le profil des musiciens avec lesquels les clavecinistes seront amenés à jouer est d’une importance capitale. Il devra avoir suffisamment l’occasion, au cours de ses études, de jouer avec des étudiants engagés dans la même approche musicale historiquement informée – et ainsi se préparer à l’insertion dans le milieu professionnel.

L’importance de la musique de chambre dans la formation implique aussi que la basse continue, omniprésente dans ce répertoire, reçoive une attention particulière dès le début de la formation. Une bonne réalisation de basse continue doit se baser tout d’abord sur des connaissances théoriques approfondies, acquises à travers le cours de basse continue et étayées par les acquis des cours d’écriture et d’harmonie pratique —qui, pour les clavecinistes, sont basés sur le partimento. (L’étude du partimento est très importante en fonction de la réalisation d’une basse continue puisqu’elle rend la lecture des chiffres pour une grande partie redondante et accélère donc le processus mental de la réalisation.) D’autre part, la réalisation de basses continues demande une connaissance stylistique approfondie. A l’instar du répertoire solo, elle diffère grandement suivant les région et époque abordées, ce qui rend l’étude des traités de basse continue indispensable, ainsi que le choix d’un répertoire de musique de chambre aussi varié que possible afin de pouvoir assimiler tous les styles de basse continue.

La maîtrise de la basse continue et du partimento procureront des bases solides en vue de l’improvisation, un savoir-faire qui servira, par exemple, dans les reprises variées, l’ornementation obligée des adagios ou les cadences de concertos. Il va de soi que ces improvisations doivent se faire dans le respect du style, et donc se fonder sur une connaissance approfondie des sources.

Le cours de clavecin inclut également l’étude des différents facteurs de l’interprétation historique à travers sources et traités d’époque :

– Doigtés ;
– Aspects techniques du jeu du clavecin ;
– Métrique (bonnes et mauvaises notes) ;
– Ornementation (ornements essentiels et arbitraires) ;
– Articulation ;
– Rhétorique ;
– Caractéristiques des instruments et de leur facture ;
– Tempéraments ;
– Caractéristiques des différents genres musicaux (solo, musique de chambre instrumentale et vocale, musique orchestrale, musique religieuse et opéra) ;
– Instrumentation de la section de basse continue ;
– Aspects stylistiques de la basse continue : spécificités des réalisations au clavecin et à l’orgue, nombre de voix (éventuellement en fonction de l’instrumentation), tessiture, conduite de voix, choix d’accords, doublures, etc. ;
– Instrumentation de la musique orchestrale ;
– Instrumentation de la musique religieuse.
– …

L’attention de l’étudiant(e) sera aussi attirée sur l’importance du choix raisonné d’éditions ou de manuscrits, et sur les critères qui doivent orienter ce choix. Il faudra pour cela que l’étudiant(e) apprenne à se servir de tous les outils qu’offrent les bibliothèques (catalogues, bases de données, bibliographies, etc.). Ces connaissances l’aideront à constituer des programmes cohérents et attractifs, compétence bien sûr indispensable dans le paysage musical actuel, particulièrement complexe et exigeant.

L’étudiant(e) se familiarisera aussi avec les autres instruments à clavier des 17ème et 18ème siècles : virginal, épinette, clavicorde et orgue. Cette exigence correspond en effet à la réalité historique et constitue un atout majeur pour l’étudiant(e) en vue de son insertion dans le milieu professionnel.

Dans l’enseignement de ces différents savoirs et compétences, une attention particulière sera portée à l’autonomie, qualité primordiale que l’étudiant(e) devra développer tout au long de son parcours à l’IMEP grâce à l’expertise et aux conseils des enseignants. L’objectif ultime du professeur est que l’étudiant(e) ait acquis, au terme de ses études, la prise d’initiative et les capacités d’auto-évaluation nécessaires à son développement artistique et à son intégration dans la vie professionnelle.